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Le hacker Khalil Sehnaoui a étudié le vol et la diffusion des e-mails privés de l’équipe d’En marche !. Retour sur une intox géante.
« Tu perds les gens, ils ne savent plus ce qui est vrai de ce qui est faux. » Ainsi commence le célèbre hacker Khalil Sehnaoui, fondateur de Krypton Security, quand on lui demande son avis de spécialiste sur l’affaire dite des « MacronLeaks ». « Il suffit d’accuser dans les réseaux sociaux, les gens n’ont pas le temps de vérifier et ils vont donc se ranger à l’opinion majoritaire, dont l’importance est manipulable elle aussi. »
En psychologie cognitive, on appelle ce phénomène « l’effet wagon de train » (bandwagon effect) : si dix personnes votent l’une après l’autre à un scrutin public, le vote des cinq premières va influencer celui des cinq dernières. Appliqué aux réseaux sociaux et à la constitution d’une conviction profonde par le public, ce phénomène détermine assez efficacement comment la réputation d’une personne peut être salie durablement ou non. L’effet est d’autant plus dévastateur quand de vraies informations – anodines – sont mélangées à des fausses, qui sont profondément accusatrices.
Dans le cas des « MacronLeaks », la majorité des dossiers livrés au public sont des vrais, mais ils sont totalement anodins. Et puis y sont mêlés quelques dossiers dont l’authenticité est parfois immédiatement réfutable, parfois plus floue, mais toujours beaucoup plus accusateurs. Avec l’espoir que le public se dise « mais cet email (insignifiant), c’était bien un vrai ? Alors cette autre pièce du dossier (très accusatrice) doit être vraie elle aussi ». Dans le jargon d’enquêteur, on appelle cette technique « to put bullshit in the ice cream », que je ne me hasarderai pas à traduire.
« Calomnions ! Calomnions ! Il en restera toujours quelque chose »
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