Dernièrement, ma vidéo sur les malversations massives de la multinationale Alphabet, maison mère de Google et YouTube, leur est évidemment restée en travers de la gorge. Mais bon, si j’avais voulu défendre les crimes des puissants par tous les sophismes possibles, j’aurais fait zététiciens comme métier. De toute façon, j’ai mis YouTube échec et mat. S’ils censuraient la vidéo. Ils passaient pour des triples buses, donc ils étaient obligés de la laisser visible. Par contre, très mauvais joueur qu’ils sont, ils ont évidemment “Shadow Banner” ma chaîne en général, et cette vidéo en particulier. Très concrètement, ça veut dire que ma chaîne, et cette vidéo en particulier, a cessé brutalement d’apparaître dans les recommandations de mes abonnés pour faire psychologiquement comme si elle n’existait pas. Cette vidéo était partie pour faire deux fois plus de vues que ma moyenne habituelle. Et puis en 24 h à peine, sa courbe des vues s’est aplatie. Et YouTube m’a même prévenu au moyen de la notification suivante : “Mon nombre d’abonnés allait peut être baisser parce qu’ils allaient enlever les abonnés indésirables”.
Alors, est ce que ça m’a dissuadé d’enquêter une seule seconde sur d’autres crimes, délits et malversations de multinationales voyous ? Vous allez me dire ce que vous en pensez avec ce petit documentaire ? Et si vous voulez mettre une cartouche à la censure de YouTube, il vous suffit de partager massivement mes vidéos et celles sur Google en particulier. Parce que dites vous bien, plus jamais YouTube ne fera apparaître ma chaîne dans vos recommandations à vie. Maintenant, place à l’investigation.
Si je vous dis Nestlé, vous entendez ce mot et vous savez d’entrée de jeu qu’il s’agit d’une multinationale voyou. Ce n’est pas une opinion. Les condamnations internationales de cette sombre organisation parlent d’elles mêmes. Et je ne parle pas des broutilles comme les presque 7 millions de dollars d’amende pour discrimination à l’embauche aux Etats-Unis en 2000 ou ses 3 millions de dollars pour violation du droit du travail. De cette condamnation pour harcèlement en 2020 ou encore de ces 100 millions de francs CFA d’amende en Côte d’Ivoire, sur fond de pratiques monopolistiques ou même de ces plaintes pour esclavage d’enfants déposées par ces anciens travailleurs ivoiriens exilés aux Etats-Unis.
Pour Nestlé, je parle carrément du PDG qui vous sort sans trembler des genoux que dire que tout humain a droit à l’eau potable est une, je cite, “position extrémiste”. Et pour cause, l’eau potable est plus précieuse que le pétrole dans le monde. Les deux ressources les plus stressées sur Terre avant le pétrole sont en effet l’eau potable et le sable de construction en deuxième place. Le business de l’eau en bouteille offre des marges encore plus conséquentes que le business du pétrole. Pour le pétrole brut saoudien, contrairement au pétrole vénézuélien, on peut dire qu’il est presque “prêt à la pompe” dès la sortie du puits. Prenez par exemple cette superbe escroquerie industrielle et intellectuelle qu’est Dasani, cette belle marque de Coca-Cola promue notamment aux “Jeux olympiques”. C’est simplement de l’eau du robinet filtrée, minéralisée et vendue en bouteille jusqu’à 2 $ le litre, alors que l’eau municipale coûte à peine moins d’un cent le litre, soit 0,01$. Oui, ça fait bien une progression supérieure à 20 000% sur le prix de la matière première. Et tout le reste n’est évidemment que du marketing. Alors, c’est tellement juteux que même McDonalds s’est embarqué dans ce beau business.
4,60 € le litre d’eau du robinet parisien re-filtrée et refilée sur place alors qu’elle coûte toujours moins d’un centime le litre. Nestlé, quant à elle, fait du marketing dans les hôtels pour y placer sa daube. Nestlé Pure Life, c’est à dire exactement la même chose de l’eau du robinet publique, filtrée et vaguement minéralisée, mise en bouteille et vendue entre 100 et 1000 fois plus cher le litre. Nestlé a un problème global avec notre eau. En fait, c’est un peu la Standard Oil des Rockefeller, mais elle, elle n’a jamais été démantelée par une grande affaire anti-trust. Et pourtant, bien sûr, il aurait fallu. Vous avez ce scandale de Nestlé pompe des millions de litres d’eau hors des terres des peuples premiers en Ontario pendant que eux n’ont pas d’eau potable. Vous avez Nestlé qui prétend avoir droit de pompage en Californie, état très fréquemment frappé par la sécheresse depuis 1865. Sauf que, petit détail, leur droit porte sur 2,3 millions de gallons d’eau par an et qu’ils en ont pompé sans scrupule 58 millions.
Donc 25 fois plus sur la même période, et ce, en toute tranquillité. Évidemment, l’État de Californie a fini par réagir parce que ce vampirisme organisé a desséché ses forêts et augmenté encore plus son risque d’incendie déjà critique. Mais pourquoi parler de Nestlé alors que cette vidéo porte sur le groupe Altice ? Le cas de l’eau potable est une superbe métaphore. En fait, vous prenez un bien public fourni par l’Etat, vous l’emballer avec votre marque et vous gagnez des milliards dessus. Ce que Nestlé fait avec l’eau, Altice le fait avec l’information. Et pour cause, le cerveau humain va prêter beaucoup plus d’attention et comprendre beaucoup plus facilement ce qui est tangible et donc matériel par rapport à ce qui est intangible, donc immatériel. L’eau, la nourriture, c’est tangible si elles sont polluées, leur polluant, leurs métaux lourds, leurs microplastiques, leurs perturbateurs endocriniens se retrouvent directement dans notre corps.
L’information, le récit, c’est ce qui nourrit notre esprit, notre capacité à décider, à approuver, à représenter le monde. Quand un peuple a trop consommé un récit pollué, il prend des décisions stupides et il accepte n’importe quelle tyrannie. Or, nous ne pouvons presque jamais comprendre et palper le monde par le réel, en tout cas jamais à l’échelle de la planète. Donc, entre nous et le réel, il y a toujours un intermédiaire qui est le récit. Et le récit, ça se contrôle comme tout intermédiaire. Le récit n’est jamais désintéressé. Il prend sa généreuse commission au passage et comme les pontonniers du Moyen Âge, il s’enrichit par ce droit féodal. Altice, c’est ça. C’est une industrie du récit, protégé par l’État comme un seigneur féodal est protégé par son suzerain, et qui s’enrichit par sa position dominante entre vous et le réel. Si elle peut être considérée comme le Nestlé de l’information, c’est que, comme cette autre multinationale voyou, elle est la reine des controverses et de la malbouffe. Mais dans le monde intellectuel cette fois, pas dans le monde physique.
Quand vous mangez chez Nestlé, par exemple, en avalant un KitKat à la bonne huile de palme, vous détruisez votre santé privée, vous détruisez votre santé publique et vous détruisez aussi l’environnement. Quand vous mangez de l’information chez Altice, vous détruisez votre santé politique privée et vous détruisez la santé politique publique. Parce que, comme nous allons le voir, il y a bien une chose que le groupe Altice adore faire, c’est influencer les élections. Vous connaissez donc déjà le problème mondial de la malbouffe, de l’obésité, de l’art de creuser sa tombe avec une fourchette. Vous allez maintenant connaître le problème mondial, non pas de l’information, mais du récit industriel. Ce phénomène par lequel on creuse la tombe de la démocratie avec ses yeux et ses oreilles. Donc, si je reprends le groupe Nestlé, ils ont bien conscience de leur image désastreuse à l’international et de leur réputation sulfureuse. Seulement, ils peuvent la dissimuler derrière toute une nébuleuse de marques écrans qui, elles, s’associeront plus facilement à des événements sportifs dont l’image est positive.
De nos jours, on vote beaucoup plus souvent avec son portefeuille qu’avec un bulletin, vous le savez. Chaque fois que vous donnez de l’argent à ces marques, vous votez pour Nestlé, c’est-à-dire, entre autres, pour le plus gros privatisateur d’eau publique au monde. C’est aussi simple que ça. Ces quelques marques sont Perrier et oui, San Pellegrino, Nesquik, Nescafé, Nespresso bien sûr, KitKat, Smarties, Maggie, La Laitière, Haagen-Dazs. Nous avons aussi les cafés Starbucks à la maison et même la nourriture pour les animaux avec Purina, Friskies, Gourmet, Herta, Buitoni, etc. Maintenant que nous avons donc un atlas partiel de la malbouffe de Nestlé, que dire de la malbouffe intellectuelle du groupe Altice ? En voici les principales marques repères. L’Express, Libération, BFMTV, RMC, SFR et aussi Numéricable, ne l’oubliez pas. À plus forte raison parce que SFR et Numericable permettent de financer tout le reste qui perd de l’argent. Comprenez bien que si quelqu’un vous agite un KitKat ou un Nesquik, une San Pellegrino ou un sachet de Friskies sous le nez, ça reste une marque de la multinationale voyou Nestlé.
La raison pour laquelle j’ai une résistance totale contre la propagande de Libération, BFM ou L’Express, c’est parce que je sais que ce ne sont que des marques repères d’une autre multinationale voyou, qui n’a évidemment aucune leçon à donner à qui que ce soit et qui ne s’appelle pas Nestlé mais Altice. Devant un KitKat, l’enfant inconscient va avaler sans réfléchir, mais l’adulte conscient va regarder les ingrédients et voir combien de ce machin dégueulasse détruit sa vie, sa santé publique, sa santé privée, mais aussi la planète. Devant un billet de Libération, un reportage de BFM ou un sujet de L’Express, l’enfant avalera aussi sans réfléchir. Mais l’adulte regardera les ingrédients, évaluera la chaîne de montage et comprendra quelle maladie de l’esprit cette malbouffe chronique peut lui donner. Intéressons-nous justement à cette chaîne de production : Altice, c’est quoi exactement ? C’est d’abord une multinationale surendettée, créée en 2001. Elle a accumulé en à peine 20 ans 50 milliards d’euros de dettes, avec 3 milliards annuels, juste pour les intérêts à rembourser. Sur le plan comptable, il faut être très clair, Altice est une multinationale zombie.
Et quand on pratique le vaudou, qu’il soit humain ou comptable, on sait qu’un zombie a toujours un maître. D’entrée, Altice est donc une multinationale vassale. Elle dépend entièrement de maîtres à qui elle doit des sommes colossales qu’elle ne peut pas rembourser, même en se liquidant immédiatement. Elle est maintenue en vie pour être utiliser à des fins entièrement politiques.
Altice, une machine à détruire la démocratie ?
Pourquoi un milliardaire dont la fortune s’est construite sur le surendettement irait lever encore plus de dette pour racheter des médias eux mêmes en quasi faillite ? La réponse est simple. Pour se construire la plus grosse influence médiatique et politique de France. Car soyons clairs, sans le groupe Altice et accessoirement aussi, c’est vrai, le groupe LVMH, qui lui, détient Le Parisien et Les Echos, mais est en fait aussi le plus gros annonceurs de France, ce qui lui permet de faire pression sur n’importe quel journal, la Macronnie n’existe pas. Ce n’est pas un hasard si l’un des fidèles de Patrick Drahi, le banquier Bernard Mourad, qui fut un temps patron du pôle presse d’Altice et qui connaît Patrick Drahi depuis 2004, a rejoint l’équipe de campagne d’Emmanuel Macron. A un moment où le futur président n’avait le soutien d’aucun parti établi et donc aucune base militante. Ce n’est pas un hasard non plus si le rachat de Libération par la multinationale surendettée a fini par faire taire Arnaud Montebourg, qui n’avait pas de mots assez durs contre Drahi en 2014, avec ses cascade de sociétés écran, holdings d’optimisation fiscale entre le Luxembourg, Guernesey et les Pays-Bas. C’est encore un hasard si Drahi est abondamment cité dans l’affaire des Panama Papers et qu’évidemment aucun des médias qu’il détient n’en a parlé, sauf une fois ou deux, pour le défendre et le comparer sans rire à Lionel Messi. Si vous l’aviez raté, il y a aussi cette vidéo qui a circulé où Céline Pigalle, qui est directrice de la rédaction de BFMTV, a clairement déclaré, je cite dans “Dans un moment aussi où on vous dit qu’on est en guerre et où toute la notion de cohésion générale de la société, vous êtes rappelé au fait qu’il ne faut pas non plus trop troubler les gens. Et finalement, même si on a tenté au maximum de s’extraire de tout ça, ne pas trop aller à rebours de la parole officielle puisque ce serait fragiliser un consensus social”. Fin de la citation de Céline Pigalle.
Donc, en clair, contredire le pouvoir, exercer le fondement du journalisme qui est d’être un contre pouvoir démocratique, ça risque de troubler les gens et de fragiliser le consensus social. Traduction vous êtes des enfants et vos parents, intellectuels et psychologiques sont le gouvernement et les médias doivent éviter de s’engueuler devant vous parce que sinon ça vous perturberait. Évidemment, qui a fait du damage control sur cette terrifiante affirmation face à la démocratie ? Libération, avec “Check News”, qui nous explique que même si la déclaration de Céline Pigalle est tout à fait exact et authentique, Madame Pigalle a tenu des propos somme toute “confus” (cf “Check News”), et dont le contexte plus vaste doit être pris en compte.
Le contexte, la grande spécialité de Libération, ça ! Quand ils veulent défendre l’indéfendable, ils iront jusqu’à Charlemagne pour vous contextualiser.
J’en veux pour preuve les incroyable sophismes qu’ils avaient déployé quand l’agitateur Roman Protassevitch s’était fait serrer à faire partie du bataillon Azov, ouvertement néo-nazi, et que là, Libération avait déclaré “Non, mais c’est plus compliqué que ça, faut recontextualiser”. Et puis Libération qui défend BFMTV, c’est très exactement comme si KitKat défendait Nesquik.
Donc d’emblée, quand la directrice de la rédaction d’une chaîne qui a littéralement fait la Macronie vous sort qu’elle ne veut pas aller à rebours de la parole gouvernementale, vous savez qu’on ne fait pas de journalisme parce que, dans le même temps, des médias allemands et danois se sont, eux, excusés auprès du public pour n’avoir pas fait leur travail de presse avec intégrité, en particulier pour avoir repris bêtement les communiqués du gouvernement sans les décortiquer et les analyser dès que nécessaire.
Le journalisme est un contre pouvoir démocratique. Plus précisément, c’était au début du mois d’août que le rédacteur en chef du grand journal Bild s’est excusé publiquement d’avoir transmis la peur du COVID au public, et en particulier d’avoir laissé entendre que les enfants allaient contribuer à tuer leur grand-mère.
Au même moment, sur les médias du groupe Altice, c’est très exactement le message que propageait Gilbert Deray. Voilà ce qu’a déclaré ce courageux journaliste, monsieur Julian Reichelt : ”Aux millions d’enfants de ce pays et dont la société est responsable, je dois vous exprimer ce que ni notre chancelière ni notre gouvernement n’ose vous dire. Pardonnez-nous pour cette politique qui, pendant un an et demi, a fait de vous des victimes de violence, de négligence, d’isolement et de solitude. Nous avons persuadé nos enfants de ce qu’ils allaient assassiner leur grand-mère s’ils osaient être ce qu’ils étaient, c’est-à-dire des enfants ou s’ils rencontraient seulement leurs amis. Rien de tout cela n’a jamais été prouvé scientifiquement”. Fin de la citation. Et c’est donc là que la métaphore de l’eau en bouteille va prendre tout son sens. Et qui montre à quel point Patrick Drahi a fait d’Altice un Nestlé de l’information, le leader de la malbouffe médiatique en France. Reprendre l’information gouvernementale et la ré-embouteiller avec une étiquette telle que Libération, BFM, RMC ou L’Express, à l’instar de Nestlé, qui, quand elle prend l’eau du robinet, la met dans une bouteille et vous la vend 1000 fois plus cher en appelant ça “Nestlé Pur Life”, évidemment.
Entre une bouteille d’eau du robinet bien packagée et une bouteille d’eau de source, le malheureux moyen ne fera pas la différence. Mais la personne informée sait que les excuses de Julian Reichelt pour Bild, ça c’est du vrai journalisme et que la gravissime confession de Céline Pigalle, ce n’est tout simplement pas du journalisme.
À plus forte raison quand une autre marque de la multinationale voyou, Libération donc, vient essayer de noyer le poisson. Et ce journaliste allemand n’a pas été le seul à faire courageusement son mea culpa. En janvier 2022, le journal danois Ekstra Bladet a clairement intitulé “Nous avons failli”. Dans cette tribune, le journaliste Brian Weichardt a donc très clairement demandé pardon en déclarant que la presse et le public avaient été, je cite, “préoccupé d’une façon presque hypnotique par chaque communiqué COVID du pouvoir”. Il poursuit en affirmant que les journalistes n’ont pas été assez vigilants et donne un exemple massue. Les chiffres officiels des hospitalisations COVID ont été exagérés d’au mois 20,7%. C’est ça le vrai travail du journaliste, car le premier devoir de la charte de Munich est de respecter la vérité, quelle qu’en puisse être les conséquences pour soi-même, et ce, en vertu du droit fondamental qu’a le public à connaître la vérité.
Vous aurez parfaitement compris que quand BFM ne veut pas aller à rebours de la parole gouvernementale, elle s’assoit sur le tout premier article de la charte de Munich et que quand au contraire, un journaliste danois et un journaliste allemand s’excusent d’avoir trop régurgiter les mensonges de l’État, ils font très exactement ce que doit faire tout journaliste sérieux. Altice, c’est donc la capitale de la malbouffe journalistique francophone. Mais le sommet est atteint quand BFM ose afficher la déclaration suivante en présentant ses journalistes, je cite encore “Ils ne sont pas candidats, mais ils peuvent vous aider à choisir.” Je crois qu’on ne peut pas être plus clair. Alors pourquoi les employés de Patrick Drahi refusent toujours de faire du journalisme ? Pourquoi alors est-il possible de suivre ne serait-ce que le tout premier devoir de la Charte de Munich et de rapporter la simple vérité sur les intrigues et les montages foireux de leur employeur ? Premier élément de réponse la terreur, et je dis bien la terreur que Drahi fait régner sur son organisation. Le ton est rappelé quand le milliardaire surendetté rachète BFM TV en 2015.
Une journaliste du groupe lui tend un micro et il répond très sèchement, selon des propos recueillis par sa biographe Elsa Bembaron. “Dans mon groupe, c’est moi qui pose des questions, pas mes salariés”. Le journalisme à la sauce Drahi, ça donne ça.
Pourquoi Drahi est-il aussi sulfureux ?
Si Drahi a besoin de contrôler à ce point la presse en France, et ce même s’il est résident suisse, c’est aussi qu’il traîne une batterie de casseroles digne du “Royal Monceau”. Ou plutôt du restaurant “Les trois présidents” qu’il possède personnellement et qui a été à l’affiche d’un scandale autour du COVID. L’établissement, situé carrément au siège d’Altice à Paris, ouvrait en plein confinement pendant que des milliers de restaurateurs français ont déposé le bilan. De là à dire que Patrick Drahi bénéficierait de passe droits, il n’y a pas très loin.
Le Canard Enchainé a quand même bien souligné le coup de filet dans ce clan des personnels de Drahi. Et c’est savoureux. Après une descente de police peu avant 00h le 24 février 2021, dans le restaurant ouvert clandestinement situé je cite “à deux pas du siège de BFM TV”, une vingtaine de convives ont été verbalisés et qui seraient, toujours selon Le Canard enchaîné, des consultants santé de BFM TV et aussi des cadors de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris.
Ça laisse totalement rêveur. Le gérant du restaurant a été placé en garde à vue pour mise en danger de la vie d’autrui. C’est ça la vraie mise en danger de la vie d’autrui, monsieur Enthoven. Mais l’affaire n’est pas allée plus loin, même si le post censuré sur TripAdvisor à propos du clan Drahi demeure délicieux au possible. En fait, Drahi est un milliardaire sulfureux malgré toute sa discrétion. Il est très difficile d’obtenir des renseignements approfondis sur ce personnage, précisément parce que les médias de son groupe sont terrifiés. Et je le répète, terrifié à l’idée de rapporter ces affaires. Ce que l’on sait de lui, c’est qu’il est détenteur des passeports portugais, israélien et français. Nationalité à laquelle il a finalement renoncé. Mais avec une holding personnelle à Guernesey, il réside en Suisse et a la réputation, voire carrément la tactique, d’être un très mauvais payeur. L’Obs rapporte que sa méthode favorite pour extraire un maximum de cash d’une entreprise qu’il vient de racheter, en plus de l’endettement immédiatement bien sûr, tient à tailler les salaires et arrêter de payer les fournisseurs en les menaçant de toutes les procédures légales possibles.
D’après sa biographe donc, Elsa Bembaron, les factures impayées, s’étalent notamment chez La Poste, Dalkia ou Capgemini. Au point que TF1, concrètement, exige que le groupe de Drahi paie toujours ses publicités d’avance. Ça vous donne une idée de sa réputation de mauvais payeur.
Le journaliste Richard Sénéjoux nous confirme la méthode Drahi en des mots encore plus clairs dans les pages de Télérama. Et là, c’est Drahi qui parle. “Je n’aime pas payer des salaires, je paie aussi peu que possible” a lancé Patrick Drahi au banquier américain venu l’entendre au moment du rachat de Cablevision, un important câblo-opérateur du pays, en septembre dernier. On ne sait pas s’il a été applaudi, mais en France, une telle sentence passerait pour de la provocation.
Patrick Drahi, mauvais payeur C’est un doux euphémisme. Bercy a publié récemment le palmarès des entreprises françaises qui cumulent les ardoises. Aux deux premières places, SFR et Numericable, vaisseaux amiraux de son empire. Tout sauf un hasard, vous l’aurez compris. “Le modèle Drahi repose sur la promesse faite aux banques d’économies drastiques dans les entreprises rachetées. Sa méthode ? Dégager la direction, serrer la vis. SI possible, geler les salaires et arrêter de payer les fournisseurs.” Fin de la citation du journaliste de Télérama pour essayer d’exhumer un peu de journalisme sincère sur Drahi.
Il faut donc chercher encore, par exemple, un article de Grégory Raymond dans les colonnes du Huffington Post qui nous parle bien du sulfureux patron de Numéricable, capable d’endetter de 10 milliards d’euros cette société qui n’en vaut que 5 à ce moment-là, et qui évoque la face sombre de Drahi, à savoir, en plus du surendettement massif, de l’influence politique et médiatique, de l’étranglement systématique de ses fournisseurs, la casse sociale brutale qui suit ses rachats d’entreprises. Cette relation avec les fournisseurs et, par extension, avec ses salariés, Patrick Drahi l’appelle la technique du boa. On étouffe, puis on renégocie. Ça, c’est bien envoyé de la part d’un trou noir financier qui endette de 50 milliards une société dont la capitalisation boursière est de moins de 7 milliards à la bourse des Pays-Bas. Mais le journaliste indépendant qui a le plus décortiqué le système Drahi, ça reste le courageux Didier Maïsto, qui nous en rapporte de belles sur la nébuleuse Altice.
Il interview par exemple un banquier d’affaires qui lui va clairement et enfin dire les choses comme elles sont. Question : “Patrick Drahi peut-il rembourser sa dette ?” Réponse du banquier d’affaires : “Écoutez, quand vous avez un capital de 100 et une dette de 100 000, le propriétaire, c’est le créancier. Voilà ce que je peux vous dire”. C’est simple à comprendre. Patrick Drahi est en réalité déjà en faillite pour prendre des termes qui vous parlent. SFR est déjà en faillite, Libération est déjà en faillite, L’Express est déjà en faillite. Donc c’est surtout aux créanciers qu’il faut poser la question. La dette totale ne sera jamais remboursée. Et le banquier, interviewé par Maïsto, poursuit : “Qui prête de l’argent à Patrick Drahi ? Les banques, par le biais de fonds divers et variés qui transitent par des paradis fiscaux”. Ce qui signifie que dans tous les cas de figure, et de quelque manière que vous envisagiez la question, Altice n’est pas et ne sera jamais un groupe français. Tout est imaginé à Genève avec son équipe qui part ensuite en mission aux quatre coins du monde.
“C’est comme le robot Liquid de Terminator”, nous dit toujours ce banquier d’affaires, “qui se disperse et se recompose sans cesse au gré des événements”. “C’est ça la structure de L’Express, de RMC, BFM TV”. Fin donc de la citation. Mais il faut donc comprendre une chose, Drahi et son groupe sont en état de faillite comptable mais sont maintenus en vie par des capitaux opaques qui transitent le plus souvent par des paradis fiscaux. Au bout de la chaîne, vous avez des médias qui influencent l’opinion en France. Mais depuis la Renaissance, en fait, on a propagé la pratique de la comptabilité en partie double, spécifiquement pour savoir quand quelqu’un doit plus qu’il ne possède.
Si vous avez 1 milliard et que vous en devez dix, vous n’êtes pas un vrai milliardaire. Pourquoi le système Drahi est-il maintenu en vie malgré la dette, les casseroles, malgré les Panama Papers ? La réponse est toujours la même pour son influence politique et son contrôle à lui seul d’un bon quart de l’opinion en France. Mais Didier Maïsto pose encore la bonne question.
Il se trouve qu’il existe en France la loi numéro 86 897 du 1ᵉʳ août 1986, qui interdit à toute personne physique ou morale étrangère de détenir plus de 20 % du capital ou des droits de vote d’une entreprise éditant une publication de langue française sur le territoire. Didier Maïsto précise que l’article douze de la loi du 1ᵉʳ août 1986 établit que toute personne qui, en son nom personnel ou comme représentant d’une personne morale, aura été partie à cette convention prohibée, sera puni d’une peine d’emprisonnement d’un an et d’une amende maximale de 30 000 €. Or, même en donnant le passeport portugais et la holding à Guernesey ou au Luxembourg, tout ça reste du ressort de l’Union européenne. Après, toutes les sociétés panaméennes et la résidence suisse permettent de se poser quelques questions. Ce d’autant plus que quand les journalistes de Challenges ont voulu placer Drahi dans le classement des 500 premières fortunes françaises en 2013, ils ont reçu une très jolie lettre du cabinet d’avocats Franklin, spécialisé dans l’optimisation fiscale, qui les a sommé d’effacer illico presto Drahi de leur classement, au motif, je cite, et ce sont les avocats qui parlent :”Monsieur Drahi a pris la nationalité israélienne et a renoncé à la nationalité française. La perte de la nationalité lui est définitivement acquise. Il ne s’agit pas d’une double nationalité franco israélienne”.
Mais fallait-il alors classer Drahi comme fortune portugaise ? Et même en oubliant ce petit détail, pourquoi la maison mère de L’Express se trouve-t-elle au Panama ? Est-ce seulement compatible avec la loi de 1986 ? Pensez-y à chaque fois que vous lisez un article de L’Express. C’est une société panaméenne qui parle. On comprend donc pourquoi Drahi est aussi secret et sulfureux à la fois. Mais au delà de sa réputation de très mauvais payeurs, de boa surendetté, d’intrigants des sociétés offshore, de leveur de capitaux opaques, ce qui fait tout le sujet de ce documentaire, c’est bien sa capacité à museler et influencer la presse française qui est de loin la plus grave de toutes.
Le 2 octobre 2015, les journalistes de L’Express, L’Expansion et L’Etudiant avaient manifesté contre la prise de contrôle de Patrick Drahi et la mise en place de Christophe Barbier. On pouvait lire sur leur panneau de grève le slogan “On est dans de beaux Drahi”. Et surtout le terme “L’EX-PRESS”. Tout est dit vis-à-vis de cette publication.
Donc laissons de côté les 17 millions de dollars de pénalités que s’est aussi pris Altice pour avoir trahi les régulateurs suite à l’achat de SFR ou les 5 millions de dollars d’amende d’Altice aux USA pour violation de la protection des consommateurs ou même les neuf condamnations pour violation du droit du travail, toujours aux USA, rien qu’en 2004. La vraie ligne d’Altice qui doit nous préoccuper le plus, c’est celle du terrorisme intellectuel.
Dans une démocratie, il n’est pas possible de laisser une multinationale aussi opaque et qui plus est, à la merci absolue de ses créanciers opaques, eux aussi contrôlés. Didier Maïsto le rappelle très clairement. “Le lien entre le principe de pluralisme et la vie démocratique a d’ailleurs été établi à plusieurs reprises par le Conseil constitutionnel. Celui-ci a estimé en ce sens que le respect du pluralisme est une des conditions de la démocratie – décision numéro 86-217 DC du 18 septembre 1986 – et que le pluralisme constitue le fondement de la démocratie”. C’est la décision numéro 89-271 DC du 11 janvier 1990. On le voit, ce n’est pas un détail !”
Hors la multinationale voyou Altice respecte-t-elle le pluralisme ? La réponse recueillie par Didier Maïsto, toujours auprès du co-fondateur de Mediapart à l’époque, est absolument sans appel. Je vous laisse en juger.
“Il existe des traces de ce naufrage, du débat démocratique et de la vie de la presse auxquels conduit immanquablement un empire médiatique comme celui de Patrick Drahi. Ainsi, la première émission de télévision que le milliardaire organise le dimanche 22 mai 2016, avec le renfort de tous les titres de son groupe, pour célébrer la venue de Manuel Valls en Israël. Pour la circonstance, I24 et BFM TV unissent leurs antennes pour diffuser ensemble l’émission dont le Premier ministre est l’invité. Et L’Express et Libération dépêchent leurs éditorialistes Christophe Barbier et Laurent Joffrin respectivement. La voici donc la fameuse convergence tant célébrée par les oligopoles des médias de la téléphonie : la formidable force de frappe médiatique rassemblée sous l’égide du milliardaire n’a pour seule utilité que de produire une émission honteuse de complaisance.” (cf le co-fondateur de Médiapart).
Il y a donc bien une ligne Altice, une machine à embouteiller la presse pour en faire de l’influence politique de la machine à réciter. Aux Etats-Unis, par exemple, nous avions la rivalité entre Elon Musk et Jeff Bezos dans le secteur aérospatial. Mais Elon Musk ne possède pas de médias. Par contre, Jeff Bezos possède le Washington Post, qui n’est désormais qu’une marque de son empire. Pensez-vous que ce journal va rapporter le scandale du gargantuesque de Bezos, pour lequel un vieux pont historique a dû être démonté aux Pays-Bas ? Non, évidemment. Par contre, le Washington Post va mettre la pression à Musk en sollicitant des interviews dont l’entrepreneur sait très bien qu’elles seront déformées. Un exemple quand Elon Musk répond au Washington Post, “passez mon bonjour à votre marionnettiste Jeff Bezos”, le Washington Post écrira juste : “Musk nous a répondu, sous entendu complotiste qu’il est, passez le bonjour à votre marionnettiste”, sans même mentionner une fois le nom Jeff Bezos. C’est ça la terreur.
Je me souviens aussi de Jacintha Ardern, chef de l’Etat néozélandais et proche de Klaus Schwab, qui dit encore plus clairement “Nous continuerons à être votre seule source de vérité”. Le principe fondateur du journalisme, justement, c’est de contredire. Libération, L’Express, RMC, BFMTV, vont-ils trouver quelque part un manuel de journalisme et parler enfin des affaires scandaleuses de Patrick Drahi ? Non, bien entendu. Pas plus que le Washington Post ne parlera des affaires scandaleuses de Jeff Bezos.
Pour Patrick Drahi, dans son groupe, les questions, c’est lui qui les pose. Mais comme la démocratie ne travaille pas pour lui, elle a encore beaucoup, beaucoup de questions à à poser, en particulier sur ces financements opaques qui transitent par autant de paradis fiscaux.
Que faut-il faire ?
Le groupe Altice n’est pas seulement la plus énorme menace pesant sur la démocratie française, avec les 50 milliards de dettes qu’il a accumulé et ces montages opaques, du Panama au Luxembourg en passant par Guernesey et les Pays-Bas. C’est aussi en fait une bombe financière à retardement pour l’économie française.
Pour vous donner une idée, quand Jean-Marie Messier affirmait tranquillement que le groupe Vivendi allait mieux que bien, ce dernier avait accumulé 35 milliards de dettes seulement. J’ai envie de dire qu’avec 57 milliards de dettes en plus, tout en étant valorisé beaucoup moins en bourse, le groupe Altice devrait donc être tout simplement être en redressement judiciaire aujourd’hui. C’est très exactement ce que le peuple français doit faire contre cette organisation qui a tout simplement déclaré la guerre au journalisme et à la vérité. Il faut nationaliser le groupe Altice de toute urgence, le démanteler ensuite et le séparer en coopérative de presse indépendante de l’Etat. Il en va tout simplement de la survie de la démocratie en France. Et ensuite ? Maintenant que nous avons bien vu en face comment un énorme groupe médiatique comme Altice pouvait dominer l’opinion, il faut établir un code du journalisme avec des articles très clairs. Après tout, il y a bien un code de la route, un code des douanes, un code du commerce. Vu l’impact majeur que l’information a sur la démocratie et sur le vivre ensemble d’une nation, donc sa structure même. Il faut interdire tout simplement à un groupe de presse d’assassiner le journalisme et sa déontologie. Et pas la peine de réinventer la roue. Il suffit de développer la charte de Munich et de la mettre dans la loi avec des peines civiles ou pénales. Quiconque enfreindra les 10 devoirs ou les 5 droits fondamentaux du journaliste décrit dans la charte de Munich. Parce que comprenez que quand un média trompe la charte de Munich, comme le fait tout le temps le groupe Altice, c’est bien pire que quand un automobiliste grille un feu rouge, brûle un stop ou conduit en état d’ivresse. Aujourd’hui, la référence en matière de protection de la presse en France, c’est la vieille loi du 29 juillet 1881 qui est totalement impuissante pour protéger le journalisme des prédateurs financiers comme Drahi. Mais quand il y aura un code du journalisme en France, un média ne pourra plus être utilisé pour capitaliser de l’influence politique.
Il ne sera plus possible de tronquer ou de manipuler l’information, de dissimuler ce qui vous arrange et d’exagérer ce qui vous plaît. Les journalistes pourront enfin faire leur travail, protégés par la loi. Ils pourront dire la vérité, rien que la vérité et toute la vérité. Et croyez-moi, il y en a que ça va drôlement changer de passer par là.
En conclusion, un article ou un reportage du groupe Altice, c’est comme une barre de chocolat KitKat. C’est très mauvais pour la santé et encore plus pour la planète. Mais c’est vrai, ça peut attirer quelques enfants. Maintenant, si une barre KitKat venait à vous critiquer, vous n’auriez qu’à lui répondre : “laisse les orangs outans tranquilles avant de parler de toi”. Si la Radio Télévision Suisse venait à vous critiquer par exemple, vous n’auriez qu’à lui répondre : “Avant de parler, va t’excuser auprès de toutes les familles des victimes de nombreuses affaires de pédophilie et de harcèlement sexuel”. Si Libération, BFM, RMC ou L’EXPRESS venaient vous critiquer alors qu’ils sont à la multinationale voyou Altice ce que Nesquik, Nescafé, KitKat ou encore Friskies sont à l’autre multinationale voyou de Nestlé, vous n’auriez qu’à lui répondre : “Et Patrick Drahi ?”