Ecrit par Christophe de La Chaise. Publié dans A la une
Publié le novembre 22, 2015
« Love can do » ; « déchet + connaissance = richesse » ; « la connaissance est comme la connerie, elle est infinie »,…
L’auteur de ces formules est une sorte d’extra-terrestre dans l’amphi où je me trouve avec 200 chefs d’entreprise et étudiants réunis par le Medef Gironde lors de leur dernière Université : enseignant à Supelec, chercheur à Polytechnique et à Stanford, éditorialiste au Point, il est titulaire de 3 doctorats, et tout cela à moins de 30 ans !
Sa spécialité est les neurosciences ; son nom : Idriss Aberkane.
J’ai rendez-vous avec lui en vue de notre prochain cycle Valoriser le capital humain où il interviendra en mars 2016.
La formule qu’il aime répéter : « love can do » me rappelle les recherches d’Isaac Getz sur l’entreprise libérée : on fait vraiment bien ce que l’on aime.
A ceux qui lui reprochent des présentations trop simples sur les maths, le cerveau ou la science, il rétorque : « nous sommes complexés par la pédagogie » : décidément, ce type me plaît !
Économie de la connaissance
Notre système économique est encore basé sur la croissance des matières premières : l’inconvénient, c’est que ces ressources sont limitées : pétrole, gaz, …, alors, comment viser une croissance infinie ?
Idriss Aberkane nous invite à investir dans l’économie de la connaissance, qui est par définition infinie et à exploiter la nature aussi comme une source de connaissance et non plus seulement comme une matière à exploiter.
« Si je distribue à chacun de vous 20 euros, je serai moins riche qu’au départ, mais si je partage ces connaissances avec vous, vous serez plus riche de ce savoir, et moi, je ne l’aurais pas perdu pour autant… »
Idriss nous invite à une métaphore : il compare l’agrandissement au microscope du phyto-plancton, avec un autre agrandissement d’un micro-processeur en silicium : on est frappé par la ressemblance.
L’un a coûté à Intel quelques milliards de dollars de développement, alors que celui produit par la nature n’a rien coûté et ne pollue pas.
Le bio-mimétisme, c’est l’art d’extraire de la connaissance de la nature.
S’inspirer de la nature, qui est beaucoup plus high tech que les réalisations humaines est une science pleine de promesse et investir dans la connaissance est véritablement le salut des nations industrialisées.
Pour achever de nous en convaincre, Idriss nous donne un exemple concret, basé sur la comparaison économique de 2 pays : la Corée du Sud et la Russie.
La Corée du Sud a un ministère de l’Économie de la Connaissance, autonome et indépendant du Ministère de l’Économie.
Bien que pauvre en ressources naturelles, elle exporte 20% de plus que la Russie, qui, elle, est particulièrement riche en matières premières.
Son PIB est maintenant supérieur à celui de la France.
La Corée du Sud est devenue le 1er fabriquant mondial d’écrans LCD, de moteurs de bateaux,… : elle exporte de la connaissance.
L’économie de la connaissance est le nouveau pétrole.
Dans le bio-mimétisme, un écosystème inexploité, c’est comme une nappe pétrolière inexploitée, sauf que, quand on l’exploite, on ne la détruit pas.
Déchet + connaissances = richesses
Comment transformer les déchets en richesses me paraît un peu plus énigmatique…
Ellen Mac Artur (l’économie circulaire) et Günther Pauli (l’économie bleue) nous montrent comment produire zéro déchet est rentable.
Pour Idriss Aberkane, si on produit beaucoup de déchets, on doit produire beaucoup de connaissances.
Des chercheurs ont ainsi découvert que le marc de café, considéré habituellement comme un polluant important (il dégage beaucoup d’azote), est en fait un excellent compost pour les champignons !
A Amsterdam, une entreprise a ainsi organisé la collecte de marc de café des principaux restaurants de la ville ; il est récupéré pour la culture des champignons ; la dirigeante est rapidement devenue millionnaire.
Le marc de café est également utilisé pour l’élaboration d’isolants.
Ainsi, des déchets et de la connaissance peuvent être créateurs de richesses !
Les propos de notre chercheur est donc de montrer le potentiel fabuleux de l’économie de la connaissance, en ayant un rapport de coopération avec la nature.
Idriss Aberkane sera le 1er intervenant du cycle Valoriser le capital humain organisé par le CECA aux Sources de Caudalie – Bordeaux les 15 et 16 mars 2016.