« Notre société ne croise plus assez les connaissances »

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Publié le lundi 23 novembre 2015  par Martin Venzal

Idriss CESEÀ moins de 30 ans et avec trois doctorats en poche, Idriss Aberkane aime croiser les disciplines pour proposer son expertise. Le neuroergonome, féru de biomimétique et de noopolitik, la géopolitique de la connaissance, est aussi amateur des neurotechnologies et de leurs applications (…)

Idriss Aberkane, sur quoi portera votre intervention à Futurapolis ?
Sur la neuroergonomie, c’est à dire la répartition de la charge cognitive d’une tâche sur les fonctions mentales. Comment utilise-t-on notre cerveau ? Le drame de notre société est de ne plus assez croiser les connaissances, comme le faisaient les humanistes de la Renaissance. J’ai prévu de parler plus précisément de hackschooling, c’est à dire de la manière dont il faut changer l’école, à la lumière de la neuroergonomie.

L’école intéresse-t-elle le mouvement des makers ?
Oui. Elle est leur dernière grande cible. Les parents et les enfants ne sont presque pas consultés dans l’élaboration des programmes. Notre école est restée coincée en 1848 dans son contenu, ses méthodes et sa raison d’être. Elle aurait beaucoup à apprendre de la neuroergonomie. Nous avons arrêté les cartables de douze kilos. Il faut maintenant arrêter les scolioses du cerveau.

Quelle importance accordez-vous aux makers ?
Le ministre de l’Éducation du Maroc m’a consulté pour créer un makerspace. Un makerspace est en quelque sorte la version logicielle du hackerspace, sauf qu’il s’intéresse aussi aux biotechnologies. Les makers font de la création ascendante, qui permet l’empowerment, c’est à dire donner du pouvoir aux masses. Leurs ancêtres sont les hippies de la Silicone Valley, dans les années 1970, qui fabriquaient leurs machines eux-mêmes. Les FabLab y ont ajouté le financement participatif et les imprimantes 3D.

Ce qui vous intéresse avant tout est la connaissance ?
Alexis Lemaire, le champion du monde en calcul mental, est capable de calculer la racine treizième d’un nombre à 100 chiffres, mais il a le même cerveau que nous. C’est son logiciel qui est différent : il ne travaille pas sous Windows. L’ergonomie change la donne. Aujourd’hui, notre école n’est pas ergonomique, ni même nos villes, nos transports, notre administration, notre télévision… Nous utilisons notre cerveau comme quelqu’un qui attraperait une bouteille pleine avec son petit doigt.

Comment définissez-vous la connaissance ?
La connaissance est comme un buffet à volonté, dans lequel on mange avec plaisir. Mais l’appétit doit se cultiver à l’âge adulte. Je soutiens le principe des conférences Ted et de l’éducation populaire. La question majeure est de savoir si c’est la technologie qui sert l’homme, ou l’inverse. Les makers ont tendance à investir les technologies. Comme eux, je suis un hippie de la connaissance.
Propos recueillis par I.M.

Futurapolis les 27 et 28 novembre

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