Résumé : Le rapprochement du Waste Land de T. S. Eliot et de la Kasidah de R. F. Burton produit une théorie littéraire. Cette théorie est fondée sur le principe de l’Unité de la Conscience (Wahdat al Wayy) d’après l’exégèse d’Ibn Arabi (Wahdat al Wujud et Wahdat al Adyân). Elle postule également que toute vie n’est qu’un courant de conscience. L’action est une forme d’écriture de la conscience dans le monde, et l’expérience vécue est une forme d’écriture du monde dans la conscience. Or l’expression de la conscience en perspective est un invariant profond des littératures, qui relie The Waste Land et The Kasidah mais également Al Aaraaf de Poe, le Voyage de Baudelaire, le Testament de Villon ou encore le Canto Notturno de Leopardi. Un autre invariant, fondé par le précédent, est l’invariant de la gâtine, que l’on peut résumer par le mythe de l’Ortolano Eterno : Homo : locatus est, damnatus est, humatus est, renatus est : in Horto. Or la Septième sourate du Coran est une expression notable de l’invariant de la gâtine. Ainsi comme il existe une cartographie dynamique des connexions cérébrales, la connectomique, il existe une connectomique des littératures et une biologie des littératures. Une partie du corps calleux des littératures, le faisceau de connexions directes entre Orient et Occident, est la « chaîne de la gâtine », un linéament de textes qui se fascinent pour l’interaction entre le monde et la conscience. Concernant Eliot, ses influences soufies directes vont de Omar Khayyam à Guénon ou Schuon, et ses influences indirectes relèvent de l’influence soufie sur les troubadours. Eliot influence lui-même la poésie de l’aire musulmane depuis au moins 1950.