Thought is the work of brain and nerve, in small-skulled idiot poor and mean; In sickness sick, in sleep asleep, and dead when Death lets drop the scene.”[1]
Richard Burton. The Kasidah VII (écrit en 1856)
James
BERGSON
Madeleine de Commercy
Proust
A la même époque entre le psychologue (William James) et le philosophe (Henri Bergson), entre le neuroscientifique (Santiago Ramón y Cajal) et l’écrivain (Marcel Proust), un profond sujet commun : « la mémoire, son objectivité, sa subjectivité. Dissertez. ». Sincèrement, dans cet article il n’y en a peut-être pas pour tous les goûts mais sûrement pour tous les profs.
A l’origine de cet article il y a la volonté de populariser auprès des enseignants les travaux déjà assez anciens de Mauro Presenti et al. publiés en 2001 dans la prestigieuse revue Nature Neurosciences, et réalisés en partenariat entre l’Unité de Neuropsychologie Cognitive de l’Université Catholique de Louvain et le Groupe (CEA-CNRS) d’Imagerie Neurofonctionnelle du pôle Cyceron à Caen. Leur titre est assez technique : « Le calcul mental chez un calculateur prodige est assuré par les aires préfrontale droite et temporale moyenne » [2]. Et leur résultat est assez simple : l’expert en calcul mental R. Gamm, qui peut très rapidement calculer le résultat de sin(287), de 539, de la racine cinquième de 8547799037 ou encore donner les soixante premières décimales d’une division de nombres premiers (31/61), ne dispose pas particulièrement de fonctions cérébrales hors norme, il utilise simplement, et du fait d’un véritable entraînement, son cerveau d’une façon différente du commun des mortels… A la base de cette utilisation, de ce véritable détournement ou recyclage qu’il effectue de certaines fonctions cérébrales qui n’ont en temps normal peu ou rien à voir avec le calcul mental, il y a la très vaste mémoire épisodique. Je traduis ici le résumé de publication de leur article : Les calculateurs prodiges sont des individus qui sont exceptionnellement bons dans la résolution rapide et correcte de calculs mentaux. Par Tomographie à émission de Positrons (TEP), nous étudions ici les bases neurales des facultés cognitives d’un calculateur expert et d’un groupe de non experts, en contrastant le calcul complexe d’une part avec la tâche de se souvenir de faits arithmétiques d’autre part. Nous démontrons que l’expertise du calcul n’est pas due à l’augmentation d’une activité qui existerait chez les non-experts ; l’expert et les non experts utilisaient différentes aires cérébrales pour le calcul. Nous avons trouvé que l’expert pouvait passer d’une stratégie de stockage à court terme qui demande des efforts à une stratégie hautement efficace de codage et d’accès à partir de la mémoire épisodique, un processus qui est assuré par les aires préfrontale droite et médiale temporale.
La mémoire était donc là bien avant les neurones et les cellules gliales qui composent le cerveau humain, et la physiologie du corps humain présente une mémoire immunitaire, une mémoire hormonale, une mémoire du lignage cellulaire, une mémoire génétique, une mémoire épigénétique… Mais c’est dans le cerveau qu’est né le mot « mémoire », que nait ce que nous appelons l’esprit, et c’est de toute évidence le cerveau que nous utilisons pour effectuer des processus mentaux, pour l’éducation. Du très petit au très grand la mémoire prend des aspects divers. Mais c’est le pain quotidien des neuropsychologues et des neurophysiologistes que d’avoir à explorer l’enchevêtrement des comportements d’une seule cellule voire d’une seule molécule et des comportements d’un individu, c’est-à-dire d’aller de la biochimie à la psychologie, de la molécule à la société, ce qui fera donner à l’ancienne unité de recherche de Jean-Pierre Changeux à l’Institut Pasteur le nom « Récepteurs et Cognition », c’est-à-dire molécules et esprit…
La mémoire était donc là bien avant les neurones et les cellules gliales qui composent le cerveau humain, et la physiologie du corps humain présente une mémoire immunitaire, une mémoire hormonale, une mémoire du lignage cellulaire, une mémoire génétique, une mémoire épigénétique… Mais c’est dans le cerveau qu’est né le mot « mémoire », que nait ce que nous appelons l’esprit, et c’est de toute évidence le cerveau que nous utilisons pour effectuer des processus mentaux, pour l’éducation. Du très petit au très grand la mémoire prend des aspects divers. Mais c’est le pain quotidien des neuropsychologues et des neurophysiologistes que d’avoir à explorer l’enchevêtrement des comportements d’une seule cellule voire d’une seule molécule et des comportements d’un individu, c’est-à-dire d’aller de la biochimie à la psychologie, de la molécule à la société, ce qui fera donner à l’ancienne unité de recherche de Jean-Pierre Changeux à l’Institut Pasteur le nom « Récepteurs et Cognition », c’est-à-dire molécules et esprit…
Le mensuel n° 104 / La Classe
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